Samira Brahmia revient sur scène avec une énergie fraîche et une voix puissante, faisant de chaque concert un espace de liberté et de partage. Dans un entretien accordé à Dzdia, elle explique comment, entre autoproduction et partenariat avec le média, elle transforme la musique en manifeste pour exister, rassembler et célébrer la culture algérienne.
Une soirée entre musique, créations et gratitude
Le 12 septembre prochain, Samira Brahmia investira la scène du Studio de l’Ermitage à Paris pour un concert exceptionnel, symbole d’un véritable renouveau pour l’artiste. «Une affirmation de soi, une énergie nouvelle, une audace assumée», confie-t-elle à Dzdia, prête à partager avec son public une expérience unique mêlant musique, créations et émotions intenses.
Parmi les invités présents figurent la talentueuse Amel Zen, la chorale des femmes d’Ivry avec qui elle partage une histoire humaine et artistique, l’humoriste Kamel Abdat, Sofiane du groupe Tiwiza venu de Toulouse, Nadir Benmansour depuis Marseille, ou encore Arezki, rencontré lors de l’hommage rendu au regretté Idir.
Le public pourra également découvrir de belles surprises : tout d’abord, le lancement d’une capsule de prêt-à-porter imaginée par Maison Amazigha, une créatrice qui a conçu ses costumes ces dernières années. Toujours plus libre, saisissante et audacieuse, Samira Brahmia présentera également un nouveau single inédit, extrait de son prochain album Pink Casbah. Il s’agit d’une reprise bouleversante d’un titre rare de Cheikha Rimitti, icône du raï et figure de l’insoumission féminine, un hommage à l’amour sans filtre et à la parole directe, réinventé par une artiste qui fait dialoguer héritage et modernité.
Une tournée engagée pour la culture et l’identité
Après une longue carrière musicale, Samira Brahmia confie s’être parfois interrogée sur sa place en tant qu’artiste, mais aujourd’hui elle se sent rassurée par l’amour et le soutien de son public. «Cela fait des années que je suis dans ce métier, et pourtant, ce n’est que récemment que j’ai pris conscience de l’amour que me porte mon public. Le syndrome de l’imposteur m’a longtemps fait douter de moi», confie-t-elle à Dzdia.
Portée par sa détermination, elle rappelle que ses concerts ont une valeur inestimable et que la culture et la musique algériennes doivent être accessibles à tous. «Chaque concert transmet une émotion propre et un message fort. À mon échelle, je veux montrer que nos musiques ont toute leur place dans les programmations culturelles. Nous sommes 6 millions de Franco-Algériens et d’Algériens, et il est essentiel que nos enfants puissent découvrir leur culture à travers des projets qui leur ressemblent», souligne-t-elle.
L’autoproduction comme choix de carrière
L’autoproduction n’a pas été un choix évident au départ, mais elle offre à l’artiste la liberté de suivre ses propres codes. «L’autoproduction m’offre cette liberté précieuse : celle de choisir mes partenaires, de travailler avec des personnes qui partagent mes valeurs.» Samira Brahmia insiste sur l’importance de la sincérité et de l’intégrité dans son travail.
«Je n’ai jamais voulu suivre les modèles établis ou faire comme tout le monde. Ce n’est pas une posture, c’est simplement ma nature, et c’est ce qui me rend heureuse.»
Cette indépendance lui permet également de défendre des projets qui lui ressemblent et de collaborer avec une petite équipe investie, composée uniquement de femmes. «Chaque réussite est une victoire savourée mille fois, car elle est le fruit d’un engagement sincère», précise-t-elle. Confrontée aux obstacles, l’artiste assume pleinement ce choix : «Même si les défis sont bien réels : je n’ai pas le carnet d’adresses ni le réseau des grandes structures, cette voie me permet de rester fidèle à mes convictions.»
L’art au service de l’engagement, de la transmission et de la liberté
Aujourd’hui, cette liberté est d’autant plus précieuse pour Samira qu’elle est menacée. «En France, une chape de plomb semble s’abattre sur la liberté d’expression… Un artiste doit pouvoir créer librement. L’art n’est pas violent : il peut être percutant, dérangeant, bouleversant, et c’est justement ce qui le rend essentiel», explique-t-elle, rappelant que ces deux dernières années ont été compliquées pour elle en ce sens : «J’ai subi des pressions de la part d’anciens collaborateurs, liées à mes origines algériennes, à mon soutien au peuple palestinien, ou simplement parce que j’exprime des opinions. Ce fut une période éprouvante.»
Malgré ces difficultés, ce sont les échanges avec le public et les moments partagés sur scène qui lui apportent le plus de force et de joie. Elle se souvient notamment de Fabuleux destin, «une chanson assez frontale, presque dérangeante», et de la première fois qu’un spectateur lui a demandé de la chanter en Algérie : «J’ai ressenti une immense joie. Je me suis dit qu’il y avait encore de l’espoir, même après avoir traversé une décennie noire comme celle que nous avons connue. Ce simple geste m’a profondément touchée.»
Un partenariat qui fait sens
Pour Samira Brahmia, le partenariat avec Dzdia est avant tout un moyen de toucher le public et de rendre la culture accessible. «Au-delà de l’aspect personnel, ce partenariat est un levier pour sensibiliser nos publics et remplir les salles. C’est d’autant plus important quand on sait que la majorité des projets culturels issus de l’immigration en France sont autoproduits», explique-t-elle.
Cette collaboration est également une aventure humaine, née d'une amitié solide et d’une admiration sincère pour sa fondatrice, Maya Zerrouki Bendimerad. «Voir Maya porter ce projet aujourd’hui, c’est une continuité naturelle, et j’en suis vraiment heureuse. Derrière Dzdia, il y a de l’expérience, une vraie capacité de gestion, un parcours solide et une expertise dans les médias. C’est enthousiasmant de voir émerger un outil qui nous permet de nous rassembler, de collaborer, de faire circuler nos voix», précise-t-elle.
Aussi, elle souhaite adresser un message au site Web : «Un grand merci à Dzdia pour votre soutien et pour ce partenariat qui me touche profondément.»
Pink Casbah Tour
Selon elle, trois mots résument sa tournée : Pink, Casbah et Liberté. «Pink, comme le rose, comme la femme. Casbah, parce que j’ai envie de défendre mon Algérie à travers mon art. Et enfin Liberté… Cette tournée sera celle où je serai à 2000 % moi-même», affirme Samira Brahmia.
Pour l’artiste, Pink représente la femme et sa pluralité : douce, vive, puissante. Le rose n’est pas qu’une couleur, c’est un parcours, un combat, une affirmation portée sur scène. Casbah évoque l’Algérie, racontée à travers ses émotions, un lieu de mémoire et de diversité culturelle où langues et sons se mêlent dans un foisonnement que l’artiste partage. Liberté incarne le courage, la résilience et l’affirmation de soi, une liberté qu’elle prend pleinement pour créer et aller à la rencontre de son public.
Ces mots résonnent aussi avec ses souvenirs personnels. Elle se souvient notamment de son père, qui après avoir écouté Djdoudna, chanson issue de son album Naïliya lui a dit : «Je peux mourir tranquille, car tu as compris le message que je voulais te faire passer.» Attachée à la transmission de l’histoire africaine, berbère et algérienne, Samira Brahmia considère ce moment comme l’un des plus intenses de sa trajectoire.
À travers ses mots et sa musique, Samira Brahmia transforme chaque défi en énergie créative et chaque scène en espace de liberté. Elle transmet aux nouvelles générations la culture de ses ancêtres, montrant que la musique peut rassembler, éveiller et inspirer.