Du 6 au 11 septembre 2025, Béjaïa fêtera la 20e édition des Rencontres cinématographiques (RCB), le plus ancien rendez-vous indépendant dédié au 7e art en Algérie. Portée par l’association Project’heurts depuis 2003, cette manifestation cultive, deux décennies plus tard, le même engagement : faire dialoguer films, publics et idées dans un espace libre et vivant.
Dès leur création, elles ont porté l’ambition de faire circuler les œuvres dans un pays marqué par la rareté des salles et des espaces de débat. Elles sont rapidement devenues un laboratoire pour les jeunes cinéastes, un lieu d’émulation pour de nouveaux projets et un terrain d’expérimentation pour de nombreuses écritures filmiques.
«20 ans d’existence, 20 ans de passion, 20 ans de cinéma partagé…»
Une programmation riche et diversifiée
Pour marquer cet anniversaire, la Cinémathèque de Béjaïa et plusieurs espaces culturels de la ville accueilleront 32 films en provenance de 19 pays. Le public pourra découvrir des œuvres venues d’Algérie, de Palestine, du Liban, d’Afrique du Sud, de Syrie, d’Égypte, mais aussi du Canada, d’Italie, des États-Unis ou encore du Togo.
La soirée d’ouverture, le 6 septembre à 19h, sera marquée par la projection de Bin U Bin de Lakhdar Tati. Suivront, tout au long de la semaine, des films attendus comme Terre de vengeance d’Anis Djaad (10 septembre) ou L’Homme qui plantait des arbres de Tarik Sami et Saadi Djamel. Une séance spéciale «Jeune public» aura lieu le matin du 6 septembre, dans un esprit de transmission et d’initiation à l’image.
Un focus sur le cinéma québécois viendra enrichir la programmation. L’occasion de faire découvrir au public algérien une production contemporaine encore méconnue, et de créer des passerelles avec les professionnels invités du Québec et du Canada.
Des projections “Hors murs” sont prévues dans plusieurs localités de Béjaïa, En partenariat avec les associations "Ciné+" de Timezrit, "Tadukli" d'Ait Aissa et Drouj Baba Ali à Houma Ubazin.
«Vingt ans après la naissance des Rencontres, il n’y a toujours pas de feuille de route prédéfinie. Ce qui guide nos choix, c’est l’amour de l’image et la résonance intime et collective qui façonne l’esprit des Rencontres. Pour cette édition-anniversaire, nous restons fidèles à cette liberté : faire du cinéma un espace de rencontre, de poésie et d’engagement, qui interroge le monde depuis Béjaïa.» Hakim Abdelfettah, directeur artistique des RCB.

Par ici les séries et les formations !
Les RCB ne se limitent pas aux projections. Fidèles à leur esprit de rencontre, elles proposent cafés-ciné, débats, ateliers et tables rondes. Cette année, le programme inclut une réflexion autour de la place croissante des séries dans le paysage audiovisuel. Intitulée «La série, réalité et perspectives», une table ronde explorera les enjeux liés à l’écriture, au casting, à la production et à la diffusion de ce format en plein essor.
Le volet formation sera également au cœur de cette édition avec deux ateliers organisés dans le cadre de FOCUS CANADA. Le premier, «Les métiers techniques du cinéma : entre créativité et rigueur», s’intéressera aux coulisses de la réalisation et à l’importance des savoir-faire. Le second, «L’IA en question», plongera dans l’univers des intelligences artificielles, interrogeant leur rôle dans la création artistique et la relation entre art et technologie.
Camélia Jordana & Alaeddine Slim : transmission en scène
Parmi les temps forts, attendus pour cette édition, figure une masterclass animée par Camélia Jordana, le 11 septembre à la Maison de la Culture. L’actrice et chanteuse partagera son expérience avec de jeunes comédiens, étudiants en arts dramatiques et passionnés, autour du jeu d’acteur, de la préparation aux castings et de ses choix de carrière. Une rencontre avec le cinéaste tunisien Alaeddine Slim viendra compléter ce programme, ouvrant un dialogue autour des écritures cinématographiques.
Quand la relève du cinéma s’écrit à Béjaïa
En parallèle, les RCB accueilleront la 2e édition de la Bourse Ahmed Zermani, organisée dans le cadre du Béjaïa Film Lab. Trois projets, sélectionnés parmi seize scénarios, sont en lice. Le lauréat sera annoncé lors de la cérémonie de clôture, le 11 septembre. Créée en mémoire du critique et journaliste Ahmed Zermani, cette bourse constitue désormais un véritable tremplin pour les scénaristes émergents algériens.
En célébrant deux décennies d’existence, les Rencontres cinématographiques de Béjaïa réaffirment leurs valeurs : indépendance, exigence et ouverture. Dans un contexte où le cinéma algérien reste fragilisé par le manque de salles, l’insuffisance de financements et l’absence de circuits de diffusion, elles incarnent une forme de résistance culturelle. Elles rappellent que le cinéma n’est pas seulement une industrie ou un divertissement, mais une langue universelle capable de relier les imaginaires, de stimuler la réflexion et d’inspirer de nouvelles écritures.
