Yasmina Kazitani, consultante Web3, auteure de “ Marketing a liftime of golden nuggets” vient d'être nommée à la tête de la plus grande organisation de Blockchain et jeux vidéos au monde. Elle a également à son tableau de chasse la co-création de Numidia Valley, un hub destiné aux créateurs africains afin de les connecter aux éco-systèmes adéquats. Pour Dzdia planète, Yasmina Kazitani s’est prêté au jeu de l’interview.
Vous êtes la première invitée de Dzdia planète, quel effet ça vous fait?
Merci beaucoup, je suis ravie d’être ici. J’adore être la première à faire de nouvelles choses!
Vous êtes également la première femme à la tête de la Blockchain Game Alliance, parlez-nous un peu de cette organisation.
Bien sûr.” La Blockchain Game Alliance” est la première chambre de commerce mondiale dédiée aux jeux vidéo intégrant des technologies de pointe comme la blockchain et l’intelligence artificielle. Nous réunissons plus de 700 membres dans le monde, allant de grandes entreprises comme Amazon, Alibaba ou encore AWS, jusqu’à des projets plus récents mais très innovants. Notre objectif est aussi d’agir comme un partenaire stratégique avec les gouvernements pour faire avancer l’innovation dans l’écosystème du jeu vidéo.
Vous êtes aussi Co-fondatrice de "Numidia Valley". Pouvez-vous nous en dire plus ?
L’idée existe depuis environ deux ans. Avec les cofondateurs, nous avons commencé à travailler concrètement sur le projet fin décembre. Nous avons lancé la toute première “Semaine africaine du jeu vidéo” organisée en ligne à Setif avec un partenaire local.
Durant une semaine, nous avons réuni des experts du monde entier pour accompagner les étudiants et les entrepreneurs africains : apprendre à créer un jeu, comprendre les bases de l’IA, explorer les mécaniques de gameplay… Ce fut un vrai succès.
Historiquement, la Numidie correspond à l’Afrique du Nord. Mais vous élargissez ce projet à tout le continent, n’est-ce pas ?
Absolument. Le fait que nous parlions couramment le français et l’anglais nous permet de toucher un public très large. Nous avons créé une communauté tech panafricaine, rassemblant des talents du Bénin, du Sénégal, du Nigeria, du Kenya… On échange, on s’entraide, on partage les opportunités. Cette dynamique n’existait pas il y a encore peu de temps.
Vous avez récemment été citée dans “Forbes” dans un article sur l’avenir de la blockchain et du Web3. Il était notamment question de “Lamina 1”, ce futur “YouTube du gaming”. Racontez-nous.
D’abord, il faut clarifier : la blockchain, ce n’est pas seulement la crypto. La blockchain, c’est un système de décentralisation. Aujourd’hui, les géants comme Google, YouTube ou Facebook centralisent nos données. Le but de la blockchain, c’est de renverser cette logique : nos données ne devraient appartenir à personne. Elles devraient nous revenir. Si une entreprise veut les utiliser, c’est à elle de nous rémunérer.
C’est dans cette optique que nous avons convaincu “Lamina1”, une blockchain créée par Neal Stephenson (le père du métavers) et les équipes de *Magic Leap*. Nous leur avons dit : "Pariez sur l’Afrique, pas seulement sur l’Europe ou les États-Unis." Résultat : ils nous ont ouvert la porte et financent désormais des créateurs africains qu’ils soient dans le gaming, la mode, ou d’autres domaines créatifs.
Est-ce que cela signifie que “Numidia Valley” devient un point d’entrée pour tous les projets africains souhaitant intégrer cet écosystème ?
Exactement. Nous invitons tous les créateurs, développeurs, entrepreneurs — en Algérie et ailleurs — à nous contacter. Notre rôle est de faire le lien avec les bons partenaires, de les aider à franchir les étapes. Nous voulons offrir aux jeunes ce que nous n’avons pas eu : un accès simple, sans barrière, à l’innovation mondiale.
Vous voulez dire que le Web3 pourrait permettre à l’Afrique de rattraper son retard technologique ?
Mieux encore : de le dépasser. L’Afrique a une force unique : elle n’a pas à "désapprendre" des systèmes dépassés. Par exemple, la pénétration du mobile est de 99 % sur le continent. Les gens créent, vendent, communiquent via leur téléphone. Nous pouvons sauter directement à l’étape suivante.
J’ai rencontré des ministres et des décideurs à travers le monde. Tous reconnaissent que les faiblesses structurelles du continent peuvent devenir des forces… si on saisit les bonnes opportunités.
“Numidia Valley” mise aussi sur l’éducation. Vous croyez à la place du jeu vidéo dans l’apprentissage des jeunes ?
Totalement. En tant que maman, je comprends les inquiétudes. Je passe mon temps à dire à mon enfant : "Pose ta console, fais tes devoirs !" (rires). Mais la réalité, c’est que nous sommes déjà dans un monde gamifié. On passe des heures sur nos téléphones. L’enjeu, c’est de transformer le jeu en outil éducatif.
On travaille actuellement avec le Qatar pour introduire l’intelligence artificielle dans l’éducation. Imaginez un avatar qui devient le copain, l’assistant ou le petit prof de votre enfant. Un outil interactif, ludique, qui aide à apprendre autrement. Pourquoi ne pas revisiter l’histoire africaine à travers des jeux immersifs ? C’est ainsi que l’on rend l’apprentissage vivant.
Merci infiniment Yasmina Kazitani pour votre vision, votre énergie et votre engagement.
Merci à vous ! À très bientôt.
Pour découvrir Numidia Valley et rejoindre la communauté : numidia-valley.com
contact@numidia-valley.com