Au cœur des prairies bourguignonnes, à quelques encablures d’Auxerre, un jardin insolite intrigue et séduit : le Panthéon botanique. Fondé par Sid Seghier, jardinier algérien de 66 ans, ce parc de trois hectares associe nature et culture en rendant hommage à une cinquantaine de personnalités, d’Algérie et d’ailleurs, à travers les arbres qui portent leurs noms.
Quel est le point commun entre Yasmina Khadra, Simone de Beauvoir, le bédéiste algérien Slim et Van Gogh ? «Leur amour pour les arbres et la nature de manière générale ! Tous ont écrit ou créé, à un moment de leur vie, sur le thème de la nature», pointe l’Algérien Sid Seghier, passionné de littérature et fondateur du Panthéon botanique. Niché dans l’Auxerrois, en bordure du bassin parisien, ce parc de trois hectares met à l’honneur, à travers chacun de ses jeunes arbres, des artistes, poètes et écrivains, chantres de la nature.
«Aux grandes femmes et aux grands hommes, les arbres reconnaissants» est la devise de ce Panthéon botanique, créé en 2019, pont entre les terres et les cultures.
De cette prairie verdoyante, méticuleusement ordonnée, qui associe nature et culture, jaillissent une cinquantaine d’arbustes et de plantes en tous genres, dont les noms résonnent dans l’histoire de l’humanité. Comme cette bouture de chêne baptisée Victor Hugo ou ce marronnier d’Inde nommé Chateaubriand. «Ces deux boutures sont d’ailleurs extraites de plantes mères cultivées par Victor Hugo et Chateaubriand eux-mêmes, du temps de leur vivant. Même chose pour l’arbre Marcel Pagnol, ou la glycine de Colette et d’autres», précise ce jardinier de 66 ans, ancien concepteur pédagogique mué en collectionneur végétal.

Un jeune olivier du nom de Yasmina Khadra
Originaire de Zemmora, dans l’Ouest algérien, Sid Seghier fait également de cet éden un champ d’honneur pour des personnalités culturelles phares de sa terre d'origine. «Le premier contemporain que j’ai contacté était l’écrivain Yasmina Khadra qui a compris la portée du message et m’a demandé de planter à son nom un olivier. À son pied est installé un panneau avec une citation extraite de son livre “Le sel de tous les oublis”.»
«Pour accéder à la postérité, nul besoin d’être un roi ou un génie, il suffit de planter un arbre», peut-on lire sur le panneau appuyé au pied du jeune olivier Yasmina Khadra
«L’Algérie, c’est ma terre d’origine, c’est ma vie. J'en ai marre qu’en France, certains passent leur temps à nous critiquer. Alors je voulais mettre en avant ces Algériens qui font des choses magnifiques», continue Seghier, dont l’une des dernières réalisations est cet arbuste planté en l’honneur du dessinateur de presse Slim, accompagné d’un dessin du Gatt M’digouti, personnage fétiche de l’univers de l’auteur. «J’espère aussi pouvoir planter bientôt au nom du chanteur Idir, du poète Aït Menguellet et d’autres ambassadeurs de l’Algérie, mais pour ça, j’attends les autorisations», soupire-t-il.

Une culture de la terre pour le plaisir et la postérité, car ce jardinier craint de ne pas voir «ces plantes atteindre l’âge adulte et devenir des arbres, mais qu’importe… Ce sera pour les générations futures. On racontera alors, quand je partirai, qu’il y avait un fou qui plantait des arbres… Des arbres qu’il ne verrait jamais et leur donnait des noms de personnalités dont le seul point commun est qu’un jour dans leur vie elles avaient clamé leur amour de la nature.»
Des portes ouvertes sont organisées le 20 et 21 septembre 2025 pour les journées du patrimoine. Le parc est ouvert à l’année, sur rendez-vous, du mercredi au dimanche pour des visites privées à prix libre. Rendez-vous au 06.62.41.64.66 (numéro de Sid Seghier).