Sorti le 15 juin dernier et présenté lors d’un Showcase à paris, Roots of Blues, le nouvel album de Karim Albert Kook nous plonge dans les racines du blues et nous invite à dialoguer aux rythmes de la poésie, de l’exil et du déracinement.
Il parle du blues avec ses tripes comme on parle d’un amour de jeunesse, de ceux qui marquent à jamais. « Merci Dzdia de m’inviter à partager ma passion », commence-t-il, avant de raconter avec émotion comment cette musique, née des champs de coton et des douleurs de l’histoire, l’a traversée et ne l’a plus quittée.

Tout commence dans un centre de rééducation en France, où il passe une partie de sa jeunesse en soins. Un soir, une émission de radio animée par Patrice Blanc-Francard fait irruption dans sa vie. Le blues, qu’il découvre alors, devient immédiatement un refuge, une révélation. Puis, le cadeau d’une guitare offert par son frère vient sceller le destin : il se lance dans cette voie musicale, avec passion et persévérance.
Son dernier album, Roots of Blues, est une ode aux racines de cette musique mythique. Avec le harmoniciste Edwardino, il revisite des standards comme Mojo Hand ou Dust My Broom, dans un voyage sonore qui remonte le Mississippi jusqu’à Chicago. En acoustique, à l’état brut.
Pour lui, le blues est bien plus qu’une musique de tristesse. « C’est une musique d’espoir, de joie aussi, une musique qu’on chante pour conquérir un cœur, pour alléger une douleur, pour survivre à l’exil. » Il y voit un miroir de son propre vécu, lui, l’Algérien immigré en France. Comme les bluesmen américains, il porte en lui des récits de départ, de quête d’un ailleurs, d’adaptation et de mémoire.
Et le parallèle ne s’arrête pas là. Il évoque le raï, le chaâbi, ces musiques populaires nées dans les villes algériennes, elles aussi portées par des voix venues de la campagne ou de l’exil intérieur. Comme le blues, elles chantent les espoirs déçus, l’amour interdit, la douleur de l’arrachement, mais aussi la fierté de ceux qui avancent malgré tout.
« Les chanteurs de blues, comme ceux de raï, sont les porte-voix des déracinés », résume-t-il. Et dans cette fusion des identités, dans ce métissage des sons, il construit une œuvre profondément humaine et universelle.
Le blues de Karim Albert Kook est bien plus que des compositions et des interprétations de standards américains. Accompagné souvent par son épouse la chanteuse Iness, il nous invite à écouter autrement l’histoire des peuples, par les cordes d’une guitare et la chaleur d’une voix avec cette tonalité algérienne si reconnaissable parmi des milliers de notes.