Le Studio de l’Ermitage affichait complet vendredi dernier pour accueillir Samira Brahmia et dans un RDV annoncé en grandes pompes depuis plusieurs semaines. Dans cette ancienne biscuiterie transformée en salle de concerts, l’artiste a présenté son nouvel album Pink Casbah, entourée de ses musiciens complices et de guests prestigieux.
Dès les premières notes, la voix de Samira Brahmia a imposé son intensité : claire, vibrante, capable de passer de la douceur intime à l’appel incandescent. Les titres phares de l’album, mêlant folk, raï et rock, ont rapidement plongé le public dans une atmosphère électrique à la limite de la transe. Sankara et Len Arka3, déjà connus des fidèles, ont été repris en chœur, confirmant leur statut d’hymnes à la liberté.
La section rythmique, menée par Karim Ziad à la batterie et Youcef Boukella à la basse, a donné une assise puissante, soutenue par les harmonies de Meddhy Ziouche (piano, accordéon) et la guitare incisive de Khliff Miziallaoua. Ensemble, ils ont façonné un écrin sonore qui laissait toute sa place à la voix de Samira.
Le concert a pris une dimension intense avec l’arrivée des invités. Amel Zen en rockeuse andalouse, Nadir Ben en mode folk pop gnawa, tandis que Sofiane Aït Belaid a séduit par son énergie dans le genre gnawa kabyle. Plus tard, Kamel Abdat a imposé sa présence avec des sketchs où l’autodérision prend une grande place, sans oublier le jeune Arezki Aït Hamou, graine de star en émouvant duo avec Samira sur une reprise de Idir.

Le clou de la soirée fut le nouveau single Dzeoudji ou Quilini. Un tube revisité de la grande dame du raï, Chikha Rimiti, interprété en duo avec fougue, avec son complice de toujours Khliff Miziallaoua. Un morceau qui a résonné comme un hommage à l’insoumission et à la mémoire des femmes algériennes, tout en s’inscrivant dans l’actualité des luttes. La salle entière s’est levée, emportée par la force de ce moment.
Entre morceaux engagés et balades dans les reliefs du Dhara qu’elle aime tant, Samira Brahmia a tissé un fil narratif où chaque chanson devient un fragment d’histoire collective. Elle a alterné entre paroles engagées et moments d’humour complices, établissant une proximité habituelle tant attendue par son public qui, debout, a longuement ovationné la Pink Diva et les artistes invités.
Ce concert au Studio de l’Ermitage, conçu en auto-production totale et partenariat média avec Dzdia, n’était pas seulement une date de sortie d’album : c’était l’affirmation d’une artiste au sommet de sa liberté créative, capable de conjuguer héritage et modernité. Pink Casbah s’annonce déjà comme un jalon marquant de son parcours, et ce soir-là, Samira Brahmia a rappelé à tous combien la musique peut être une arme douce, mais puissante, de révolte et d’espérance.