Massinissa, Syphax, Firmus, Tin Hinan... Ces figures historiques sortent des manuels pour entrer dans l’arène du jeu.
C’est un projet ambitieux, nourri par une passion pour l’histoire et le jeu, qui voit aujourd’hui le jour. Massifax, jeu de cartes imaginé par le jeune auteur et entrepreneur culturel Neji Amine Benbata, propose une immersion ludique et stratégique dans l’histoire antique et médiévale de l’Afrique du Nord. Son nom est une contraction de deux figures majeures de la Numidie : Massinissa et Syphax, rois amazighs dont les rivalités militaires ont marqué le IIIe siècle avant notre ère.
Stratégie, mémoire historique et soft power à l’algérienne
Pensé pour des parties dynamiques, Massifax permet de un à dix joueurs (jusqu’à cinq contre cinq) de s’affronter dans un jeu d’équipes mêlant tactique, coopération et choix décisifs. L’une des équipes dirige l’armée de Massinissa (l’attaquant), tandis que l’autre incarne celle de Syphax (le défenseur). Le jeu se structure autour de trois grandes phases : le duel, le siège et le clash final, qui montent progressivement en intensité.
Le gameplay s’appuie sur huit types de cartes, notamment les cartes militaires et les cartes armées. Les premières représentent cinq unités spécifiques de l’armée numide : archers, cavalerie, infanterie, garde d’élite et assassins, chacune ayant ses atouts et vulnérabilités. Les cartes armées quant à elles permettent à chaque joueur de répartir ses 500 soldats entre différentes unités (30, 60, 90, 120 ou 200 soldats par carte), selon une stratégie à affiner en équipe.
Parmi les autres forces du jeu : une grande diversité de lieux historiques de l’Algérie actuelle, de Siga (Rechgoun) à Cirta (Constantine), en passant par Césarée (Cherchell) et Sefar. À ces décors emblématiques s’ajoute une riche galerie de figures historiques, allant de la période numide à l’époque islamique : Massinissa, Syphax, Firmus, Tin Hinan, Fadma Tazoughert, mais aussi Ibn Tashfin et Yarsen, dont le nom arabisé est Tarek Ibn Ziyad.
Le jeu, accompagné d’un livret de règles en darija et en anglais, a nécessité une année de développement. Sa méthodologie est entièrement originale, avec une approche tactique inédite dans l’univers du jeu de cartes. Il ne s’agit pas d’une simple adaptation historique, mais d’une création complète mêlant mécaniques originales, scénarisation et dimension coopérative.
Une initiative culturelle audacieuse portée par un créateur multidisciplinaire
Derrière ce projet, on retrouve Neji Amine Benbata, un créateur prolifique originaire des Aurès. Auteur de plus de 15 ouvrages touchant au développement personnel, au coaching ainsi que plusieurs nouvelles, il est également le fondateur de Numidian Camp, un centre culturel établi en 2022 à Alger.
Numidian Camp est l’un des premiers espaces à avoir proposé l’enseignement du chaoui (dialecte des Aurès) à Alger, ainsi que l'enseignement de l’alphabet tifinagh. Ce lieu unique offre aussi des cours dans sept langues étrangères, des ateliers de robotique, une ludothèque, une bibliothèque, du théâtre, et mène des actions autour de la citoyenneté active. Le tout dans une approche d’éducation populaire et d’inclusion culturelle.
Passionné de jeux vidéo, Neji a fait le choix stratégique d’un jeu de cartes pour son accessibilité en termes de production. Il explique :
« Je suis un grand gamer et je suis conscient que l’univers du gaming contribue au soft power des pays, comme c’est le cas pour la culture japonaise qui rayonne grâce au manga et aux jeux vidéo. Je voulais la même chose pour mon pays. »
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À travers Massifax, il entend combler un manque criant : la méconnaissance des jeunes Algériens de leur propre histoire ancienne. Son ambition est double : divertir en rendant hommage au patrimoine algérien, et proposer un modèle de création ancrée dans la réalité culturelle locale tout en étant exportable.
En conjuguant l’imaginaire historique à une mécanique ludique innovante, Massifax ouvre la voie à une nouvelle génération de jeux algériens, pensés par et pour une jeunesse avide de récits qui lui ressemblent. Plus qu’un jeu, c’est une déclaration d’intention : notre histoire mérite d’être jouée, transmise, valorisée et célébrée.
Massifax est en vente ici