C’est désormais officiel : le karakou, emblème vestimentaire de la culture algérienne, intègre l’édition 2026 du Petit Larousse illustré, prévue en librairie le 21 mai 2025. Cette entrée marque une étape symbolique forte, à la croisée des mondes linguistique, culturel et patrimonial, soulignant la vitalité de la langue française nourrie par la diversité francophone.
Chaque année, plusieurs milliers de mots sont proposés à l’équipe éditoriale du Larousse. Seuls une centaine seront finalement retenus. Ce tri, loin d’être arbitraire, repose sur des critères précis. Comme l’explique Carine Girac, directrice de la langue française chez Larousse, les mots choisis doivent être largement utilisés dans différents milieux, générations et contextes. Il faut aussi qu’ils traversent les frontières sociales et culturelles. Cette année, aux côtés de termes liés au sport, à la gastronomie ou aux tendances actuelles comme “padel, glamping ou food-truck”, le mot karakou a trouvé sa place. Et cette entrée a une portée toute particulière : c’est un mot venu d’Algérie, qui témoigne de la richesse des échanges culturels au sein de l’espace francophone.

Défini comme un « costume traditionnel algérien », le karakou est une tenue féminine en velours richement brodé, souvent portée lors des noces, cérémonies officielles ou fêtes traditionnelles. Originaire d’Alger, ce vêtement remonte au XIXe siècle, bien qu’il soit issu de la ghlila, plus ancienne encore.
Le karakou incarne l’élégance et la richesse du savoir-faire artisanal algérien, notamment à travers la broderie au fil d’or ou d’argent, le choix de tissus nobles et les coupes qui allient tradition et modernité. Il existe aujourd’hui en plusieurs variantes selon les régions (Tlemcen, Oran, Constantine...), preuve de sa capacité à évoluer tout en conservant son âme.
Une icône de la mode, entre tradition et modernité
Le karakou a aussi su séduire les podiums internationaux, porté par des créateurs algériens lors de Fashion Weeks et salué par des publications telles que Forbes. Son esthétique intemporelle a même inspiré Yves Saint Laurent, lui-même natif d’Oran, qui en a repris les codes dans certaines de ses collections.
À la fois costume de prestige, œuvre d’art textile et symbole d’ancrage culturel, le karakou incarne une Algérie fière de ses racines et tournée vers l’avenir. Son entrée dans le Larousse est bien plus qu’une simple mention lexicale : c’est la reconnaissance d’un pan vivant de la culture algérienne par l’un des ouvrages les plus emblématiques de la langue française.

Une reconnaissance culturelle et symbolique
Son apparition dans le dictionnaire est perçue comme un geste fort de reconnaissance patrimoniale, valorisant un pan essentiel de l’identité algérienne. Plus qu’un vêtement, le karakou devient un vecteur de mémoire et de transmission culturelle, désormais reconnu par une institution linguistique majeure.
Cette entrée n’est pas isolée : d’autres termes africains et francophones tels que honorable (titre donné aux parlementaires dans plusieurs pays d’Afrique) ou liboké (plat traditionnel d’Afrique centrale) ont également été retenus. Cette ouverture linguistique montre la volonté du Larousse de mieux refléter les usages et la réalité plurielle de la langue française.