La 36ᵉ édition du Festival du Film Arabe de Fameck - Val de Fensch, qui s’est tenue du 2 au 12 octobre 2025, a mis le Liban à l’honneur tout en célébrant la vitalité des cinémas du monde arabe. Au-delà du focus libanais, le palmarès a révélé une belle diversité de regards et de sensibilités. Parmi eux, celui de Hafsia Herzi, réalisatrice franco-algérienne et tunisienne, dont le film La Petite dernière a remporté le Prix de la Presse.

Une cinéaste entre deux rives
Connue d’abord comme comédienne, révélée par Abdellatif Kechiche dans La Graine et le Mulet, Hafsia Herzi s’impose depuis plusieurs années comme une voix audacieuse du cinéma francophone, attentive aux nuances des identités et des trajectoires féminines. Dans La Petite dernière, elle explore avec délicatesse la construction d’une jeune femme en quête de liberté, partagée entre héritage familial et désir d’émancipation.
Fatima, 17 ans, quitte la banlieue pour étudier la philosophie à Paris. Au fil de ses découvertes et de ses doutes, la jeune fille interroge sa place, son corps, sa foi, son amour. Un récit personnel et lumineux qui, à travers son héroïne, prolonge les questionnements chers à Herzi : comment grandir entre plusieurs mondes sans renier aucune part de soi.
Le regard de la presse séduit
Présidé par le journaliste et critique Laurent Delmas, le jury Presse, où siégeait notamment le journaliste franco-algérien Rachid Arhab, a salué un film « singulier, qui aborde avec délicatesse le désir amoureux et l’identité d’une adolescente attachante ». Un choix fort dans une édition marquée par des récits engagés et poétiques venus du Liban, d’Irak, de Tunisie ou d’Égypte.
Cette distinction vient confirmer la place de Hafsia Herzi parmi les figures contemporaines du cinéma d’auteur en France, capable de raconter le personnel tout en évoquant, en creux, les réalités sociales et culturelles de toute une génération.
Un festival tourné vers le monde arabe
Sous la présidence du cinéaste et artiste Khalil Joreige, le jury du Grand Prix a récompensé Songs of Adam d’Oday Rasheed, chronique poétique sur l’Irak rural des années 1940. Le Pont du Tunisien Walid Mattar a reçu le Prix du Jury Jeunes, tandis que La Vie après Siham de Namir Abdel Messeeh s’est vu décerner le Prix du Documentaire. Enfin, Sur la route de papa d’Olivier Dacourt et Nabil AitakkaouaIi a remporté le Prix du Public.
Avec plus de 40 films issus de tout le monde arabe, l’édition 2025 a une fois encore confirmé Fameck comme un espace de dialogue entre cultures, où les cinéastes explorent les thèmes de l’exil, de la mémoire et de la transmission.
Et si le Liban en était le fil rouge, c’est bien la richesse du regard arabe au féminin, porté par des créatrices comme Hafsia Herzi, qui s’est illustrée tout au long de cette 36ᵉ édition, entre affirmation de soi, héritages multiples et désir de cinéma libre.