Finaliste de Project Runway El Djazair en 2023, Fares Benabdeslam s’impose comme une figure montante de la mode algérienne. Issu d’une famille baignée dans l’univers du textile, il transforme les matières en récits, mêlant héritage artisanal et vision contemporaine.
Quand la couture rencontre le streetwear
Né au cœur d’une famille où le textile était déjà une histoire de vie, son père étant ancien commerçant d’étoffes, Fares a grandi parmi les draperies, les matières, les textures. C’est de là qu’est née sa fascination pour la matière brute et sa capacité à transformer l’ordinaire en extraordinaire. Chez lui, le vêtement n’est jamais un simple habit, mais un manifeste. Son univers se construit dans un équilibre subtil entre l’élégance du geste couture et la liberté du streetwear. Ses créations ressemblent à une poésie textile où l’habit traditionnel se réinvente en coupe oversize, où la dentelle dialogue avec le denim brut, où les matières nobles et les matières dites «modestes» se rencontrent hors de leur contexte d’origine.
L’univers de Fares se construit dans un équilibre subtil entre l’élégance du geste couture et la liberté du streetwear.
Un tapis chiné sur un marché devient une kachabia sculpturale, des textiles d’ameublement abandonnés, ou encore des étoffes oubliées reprennent vie sur le corps des mannequins. Cette approche expérimentale, audacieuse et nourrie par la tradition , confère à son travail une identité reconnaissable entre toutes. Comme il aime à le dire : «Mon point fort, c’est d’avoir une ADN reconnaissable et une touche visible. J’aime partir d’une matière brute, parfois un tapis oublié ou un jean usé, pour en révéler la noblesse. Chaque pièce doit raconter une histoire, susciter une émotion et parler aussi bien au passé qu’au futur.»
“J’aime partir d’une matière brute, parfois un tapis oublié ou un jean usé, pour en révéler la noblesse.”
Au fil de ses collections, Fares a su développer un langage qui célèbre le patrimoine tout en l’ouvrant sur le monde.
Résultat : des silhouettes captivantes, transcontinentales, où la mode devient pont entre cultures.
Depuis 2020, six collections ont jalonné son parcours, chacune affirmant sa capacité à surprendre, à réinventer la couture algérienne et à en repousser les frontières. La collection Raw Heritage se veut un hommage à la matière brute, où le tapis et le jean deviennent supports de haute créativité, ou encore Cultural Boldness, dévoilée à l'Oran Fashion Week, cette collection réinvente la couture à l’algérienne avec l’énergie du streetwear.
Avec des défilés remarqués à Alger, Oran et Tlemcen, Fares a su s’imposer comme une figure montante de la mode algérienne. Ses créations, adoptées par des célébrités et des influenceurs algériens, suscitent désormais l’intérêt d’artistes à l'échelle internationale. Parallèlement, il élargit son champ d’action en mettant son univers créatif au service de clips musicaux et de projets culturels, affirmant ainsi une esthétique visuelle singulière.
La dentelle côtoie le denim, le tapis ancien se fait manteau couture, le prêt-à-porter flirte avec la haute couture.

Le défilé de la maturité approche
Deux ans de travail acharné se condensent dans la prochaine collection que Fares s’apprête à dévoiler dans les mois à venir. Pensée comme un défilé de la maturité, voire de la renaissance, elle sera composée de 12 à 15 capsules, chacune construite comme une étape narrative.
Le public y découvrira des pièces saisissantes où la dentelle côtoie le denim, où le tapis ancien se fait manteau couture, où le prêt-à-porter flirte avec la haute couture. La collection se conclura par une pièce spectaculaire, digne des prestigieuses maisons parisiennes, marquant l’entrée de Fares Benabdeslam dans une nouvelle dimension de son art.
Ce défilé n'annonce pas juste une nouvelle collection, mais une étape charnière : l’affirmation d’un créateur qui, en réinventant l’héritage, se projette désormais avec assurance sur la scène internationale.