Elle a fait le pari d’un média culturel indépendant pour explorer l’Algérie contemporaine à travers ses créations, ses voix et ses multiples formes d’expression. Maya Zerrouki Bendimerad, fondatrice de Dzdia, a reçu le Prix "Création Média" remis par le Conseil Mondial de la Diaspora Algérienne (CMDA), lors de son Grand Gala annuel organisé à Paris le 23 mai dernier.
À travers cette distinction, Dzdia est reconnu pour son approche éditoriale centrée sur la culture algérienne, qu’elle soit produite au pays ou au sein de la diaspora. Pour l’occasion, la rédaction a interviewé Maya Zerrouki Bendimerad, sa directrice de publication et rédactrice en chef, sur son parcours et la démarche qui anime ce projet.
Recevoir le Prix "Création Média" du CMDA, aux côtés d'autres figures de la diaspora, est un geste fort : que symbolise pour vous cette reconnaissance, et comment l’envisagez-vous pour la suite de votre engagement médiatique ?
C'était inattendu et je remercie Karim Zeribi pour ce magnifique trophée. Dzdia a en effet à peine deux mois d’existence, et c’est un média qui commence à occuper une bonne place dans les recherches des internautes Dz. On y trouve de l’information culturelle algérienne sous plusieurs formes et dans plusieurs contrées. Merci à toute l’équipe d’avoir permis à ce rêve de prendre forme.
Le Grand Gala du CMDA a mis en avant la diversité des talents algériens à travers le monde. Quels ponts aimeriez-vous bâtir, en tant que créatrice de média, entre ces différentes forces de la diaspora ?
Notre Diaspora est plus connectée que jamais aujourd'hui grâce au web et aux réseaux sociaux particulièrement. Il y a une génération immigrée qui veut entretenir les liens avec son pays d’origine, et une jeune génération qui veut en créer. Les ponts se construisent de manière transversale aussi.
Le rôle de Dzdia est de donner l’information culturelle à cette grande famille algérienne qui sait vibrer sur les mêmes notes de musiques, quelle que soit la situation géographique ou socio-professionnelle. Nous venons en renfort pour un travail transgénérationnel entamé par plusieurs intervenants… Nous sommes dans la transmission et le partage.
Quelles ont été les principales difficultés mais aussi les moteurs que vous avez rencontrés depuis la création de Dzdia ?
Le moteur de Dzdia vient de mon vécu personnel et professionnel. Je trouvais qu’il y avait un manque flagrant de supports d’informations culturelles algériennes, à la fois réguliers et fiables. Il y a les réseaux sociaux certes mais ça reste insuffisant. Rien ne vaut un site structuré avec des rubriques, un agenda d'événements… etc. Je me suis dit alors, il y a de la place pour pareil projet et je l'ai maturé pendant près de 3 ans. Les difficultés ensuite sont celles que rencontrent tout entrepreneur, c'est-à-dire le financement, le narratif éditorial, l’équipe, le développement du site web… etc.
Comment percevez-vous la responsabilité de porter une voix médiatique issue de la diaspora tout en restant profondément connectée à l’Algérie ?
Cela coule de source car l’origine c’est l’Algérie. Elle coule dans nos veines, où qu’on soit. Qu’on y soit né ou pas. La limite géographique importe peu tant qu’on reste connecté au sens propre et figuré du terme à sa culture. Ceci étant dit, je ne me sens pas la seule responsabilité de porter cette voix médiatique…. Elle est plurielle !
Quels principes ou valeurs fondatrices guident aujourd’hui la ligne éditoriale de Dzdia, et comment celles-ci se traduisent-elles concrètement dans vos publications ?
Dzdia est le média culturel des algériens du monde, et c’est notre slogan d’ailleurs. C’est une plateforme d’informations extraordinaire, à la fois pour les artistes, les acteurs culturels et le public. Nous sommes comme vous le savez une petite équipe, avec de grandes ambitions, qui veille au respect de l'éthique journalistique et aux règles de déontologie qui régissent notre métier, surtout à l’ère des réseaux sociaux. Nous sommes pour la mise en lumière de compétences.
Avant de fonder Dzdia, quel a été votre cheminement personnel et professionnel, et comment ces expériences ont-elles nourri votre envie de créer un média indépendant ?
Cela prendrait trop de place et de temps pour raconter mon cheminement professionnel. Disons que j’ai un parcours de près de 35 ans dans les médias. On me connaît surtout à travers mes émissions à la Radio Chaine 3, un court passage à Canal Algérie, et puis la presse écrite comme Liberté et le Soir d’Algérie où je réalisais des interviews vidéo avec la diaspora. Cette dernière étape de mon parcours journalistique m’a fait connaître le monde de la Diaspora Algérienne aussi bien dans sa force que dans sa fragilité d’évoluer dans des sociétés et des cultures différentes. Dzdia ambitionne de dépassionner le débat grâce à la culture, véritable vecteur de bonheur, et source d'éveil incommensurable !
Pour le côté personnel, je suis mariée et maman de deux grands enfants de 21 et 19 ans.
Ils sont ma plus grande réussite !