Aimer, ce geste universel, si familier et pourtant si peu enseigné, était au cœur d’un atelier inédit animé par Amel Abbas-Turki, figure montante du développement personnel. Pour la première fois, la coach et conférencière “ du cœur “ comme elle se nomme, est revenue en Algérie pour partager sa vision d’un amour conscient et lucide dans le lien à soi.
En effet, ce mercredi 16 juillet, à Artissimo, hub créatif & culturel d’Alger, elle a proposé une rencontre forte en émotions : « On ne nous a pas appris à aimer… et si c’était le moment ? » Un moment de transmission qui a résonné fort chez les participants, curieux de repenser l’amour en dehors des scripts appris. Amel Abbas-Turki a longtemps accompagné des personnes en séance individuelle, séance de couples, retraites , stages. Aujourd’hui, elle concentre son énergie sur les conférences et les masterclass, préférant semer des graines plutôt que d’accompagner au long cours. Très suivie sur les réseaux avec plus de 200 000 abonnés, dont 115 000 rien que sur TikTok pour le compte de l’Atelier d’Amel, elle garde pourtant une posture très humaine. « Mon rôle est de semer des graines. À chacun ensuite de les arroser… ou pas. »
« Amel, c’est une âme qui a des ailes », lance-t-elle en préambule, le sourire franc, la voix posée, habitée. Une phrase à première vue poétique, mais qui résonne profondément avec son cheminement de vie. Née à Alger, Amel a passé ses dix-huit premières années dans la capitale algérienne avant de s’envoler pour Paris, puis le Canada. D’abord scientifique diplômée en chimie et enseignante, elle se reconvertit dans ce qu’elle nomme le développement relationnel. Formée à l’hypnose, à la PNL et à l’approche IMAGO (thérapie de couple), elle décide d’aider les autres à bâtir des relations plus conscientes, plus nourrissantes.

Un retour chargé d’émotions
Ce retour à Alger, en tant que conférencière, ne va pas sans émotion. « C’est la première fois que je parle ici d’amour, dans cette ville où j’ai grandi. C’est très fort », confie-t-elle à un public attentif. Mais elle insiste : ce moment n’est pas une consécration, c’est un départ. Car Amel rêve de voir émerger, ici aussi, une culture du lien. « On se prépare pour un diplôme, un travail, un voyage… Mais pas pour une relation. C’est fou. Il est temps de créer des kits de préparation au mariage, à la vie à deux et pour apprendre à relationner avec son cœur, son conjoint et ses enfants Ce n’est pas de la thérapie, c’est de l’équipement. »
Apprendre à donner ce qu’on attend de l’autre
Son approche est loin des recettes miracles. Elle parle vrai. Elle raconte les épreuves traversées : burn-out, solitude, ruptures, reconversions et faillite. « Je me suis retrouvé comme un poisson rouge dans un corps escargot et j’ai appris à tomber en amour pour moi », dit-elle. Cette bascule intime constitue le socle de son engagement.
Ce qui distingue Amel Abbas-Turki dans l’univers du développement personnel, c’est une parole ancrée, organique, tournée vers le comment plutôt que le pourquoi. Comment sortir des schémas répétitifs ? Comment aimer sans se perdre ? Comment construire une relation qui ne se nourrit pas de nos blessures mais de notre croissance ? Elle raconte avec humilité ses propres impasses, notamment cette dépendance affective inconsciente, nourrie de blessures anciennes parfois transgénérationnelles. « Je ne les ai pas vécues directement, mais elles étaient là, dans ma lignée, dans mon corps, dans mon regard sur l’autre. »
Avec une pédagogie simple , elle illustre ce qu’elle nomme les « lunettes » du rejet ou de l’abandon. « Quand on porte les lunettes du rejet, si notre partenaire ne répond pas tout de suite, on le vit comme un abandon. Alors qu’il est peut-être juste occupé. Notre perception déforme la réalité. » L’enjeu, dit-elle, n’est pas de se culpabiliser, mais de prendre conscience. « On ne peut changer que ce qu’on voit. »
Son discours, construit à partir d’expériences vécues, se tisse comme une série de poupées russes : chaque couche en dévoile une autre. Rien de linéaire, rien de figé. Une démarche en spirale qui invite chacun à devenir l’acteur de sa propre transformation. « Notre souffrance vient souvent de ce que nous attendons de l’autre, ce que nous ne savons pas encore nous donner. »
Aimer sans se perdre
À travers L’Atelier d’Amel, elle crée des espaces pour explorer le pardon, la conscience de soi, la souveraineté émotionnelle. La conférence d’Alger s’est d’ailleurs conclue par un atelier interactif sur le pardon : ce moment où le cœur se libère, où les liens se réparent, en silence parfois, mais en profondeur. « J’ai longtemps confondu ‘je t’aime’ avec ‘j’ai besoin d’être aimée’. Aujourd’hui, je sais qu’on peut aimer sans se perdre, aimer sans exiger, aimer sans fusion destructrice. »
En définitive, toute sa démarche pourrait se résumer en une phrase simple, mais transformatrice : apprendre à s’aimer soi pour mieux aimer l’autre, avec conscience, tendresse, et une bonne dose d’espace intérieur.