La musique touareg moderne, venue du cœur du Sahara algérien, franchit aujourd’hui les frontières pour faire entendre sa voix sur les scènes internationales. À l’image du raï ou du gnawa avant elle, cette musique de l’âme, enracinée dans le désert, connaît un souffle nouveau et séduit un public toujours plus large. Ce phénomène, longtemps confiné aux régions reculées du Sud algérien, est désormais en marche vers le monde.
Tissilawen, messagers du désert en plein Paris
C’est au cœur du Parc de la Villette, à Paris, que le groupe Tissilawen, originaire de Djanet (Tassili n’Ajjer), a offert une prestation remarquable lors d’un concert à intimiste, empreint d’émotion, organisé par le groupe Kech Kherdja, à bord de la péniche Le Babour Sauvage.
Vêtus de leurs tenues traditionnelles, turbans soigneusement noués autour de la tête, bijoux touareg et sandales du désert, les membres du groupe ont transporté le public parisien au cœur des dunes sahariennes. Leur musique, à la fois douce, méditative et profondément ancrée dans la culture touareg, a envoûté les spectateurs curieux ou amoureux de ce genre de musique:
« C’est notre première expérience en France. Ce qui nous a le plus marqués, c’est de voir des étrangers qui connaissent notre musique, qui chantent avec nous. Cela nous touche beaucoup et nous encourage pour l’avenir », confie Cheikh Taberni, chanteur et guitariste du groupe.
Dans un monde de plus en plus réceptif à la richesse des identités culturelles, Tissilawen incarne avec grâce cette nouvelle génération de musique targuie contemporaine, fidèle à ses racines tout en osant l'innovation. Héritier d’un mouvement amorcé par le groupe Tinariwen au début des années 2000, ce courant en constante évolution trace aujourd’hui sa route vers une reconnaissance internationale, entre tradition et modernité.
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Un public fidèle, venu de loin
Parmi les spectateurs, certaines histoires sortent du lot. Luciana, 70 ans, et son mari Daniel, sont venus spécialement des Pays-Bas pour assister au concert.
Fidèles de Djanet depuis des années, ils y voyagent deux fois par an. Leur passion pour le Sud algérien est profonde, presque viscérale.
« Quand j’ai appris que le groupe Tissilawen jouait à Paris, j’ai réservé mon billet sans hésiter », raconte Daniel.
Luciana ajoute : « Pendant le COVID, je croyais devenir folle. C’était la première fois depuis plus de 20 ans que je ne partais pas à Djanet. Ce désert me manque comme un membre de ma famille.»
« J’ai visité presque tous les pays… mais l’Algérie, c’est autre chose. C’est un autre monde.»
Leur témoignage révèle l’attachement profond que peuvent développer certains étrangers pour le Sahara, ses habitants et sa culture musicale.
Un patrimoine vivant à transmettre
Cette soirée fut plus qu’un simple concert : un pont culturel entre le Sud algérien et le cœur de l’Europe. Pour marquer la fin de notre vidéo, une image forte a été intégrée : une petite fille regardant le groupe sur scène, comme une métaphore vivante de la relève.
La jeunesse, garante de la mémoire et de la transmission d’un héritage musical ancestral, est au cœur de cette dynamique.
En offrant une tribune au groupe Tissilawen, l’équipe de Kesh Kherdja, avec le soutien de figures comme Habib, organisateur de l’événement, pose un acte culturel fort : donner une voix à un patrimoine musical riche mais souvent ignoré.
Quand les dunes de sable murmurent à l’oreille du monde
Le succès du concert parisien de Tissilawen illustre une évidence : la musique touareg est prête pour le monde. Authentique, porteuse de paix, et puissamment évocatrice, elle franchit les barrières culturelles et linguistiques.
Comme le Raï dans les années 80 ou le Gnawa, la musique touareg moderne est en train d’écrire son histoire. Et cette histoire commence peut-être… dans les rues de Paris…