De la Maison-Blanche à la prestigieuse Académie culinaire de France, le parcours du maître pâtissier, chocolatier et confiseur algéro-américain Hichem Lahreche ressemble à une ascension sans faute. À 18 ans, il quitte l’Algérie pour se former en Suisse, avant de signer des créations sucrées qui séduiront Washington, les palaces et même Disney. Aujourd’hui, il entre dans l’histoire en devenant le premier Algérien et le premier Africain à rejoindre cette institution fondée en 1883, qui rassemble l’élite mondiale des métiers de bouche. Membre auditeur de la délégation USA-Canada au sein de l’Académie culinaire de France, qui ne compte que 250 académiciens dans le monde, il incarne un trait d’union entre son pays d’origine, l’Algérie, et son pays d’accueil, les États-Unis.
Un parcours façonné à l’international
Né à Alger en 1967, Hichem Lahreche quitte son pays natal à 18 ans pour rejoindre la Suisse, où il se forme auprès d’un maître chocolatier. Il complète ensuite sa formation en France, à l’École Lenôtre à Paris et à l’École Bellouet Conseil, renforçant ainsi son savoir-faire auprès des meilleurs. Ces premières expériences lui ouvrent ainsi la voie vers une carrière internationale impressionnante.
En 1994, il participe à l’ouverture du restaurant de Michel Richard à Washington, D.C, avant de rejoindre la Maison-Blanche sous l’administration Clinton. Suivent des collaborations prestigieuses avec le Ritz-Carlton, des clubs privés de luxe, puis le Trump International Resort, où il supervise dès 2006 la création de la carte culinaire du groupe. Cette même année, il est élu Meilleur Pâtissier des États-Unis, une distinction qui consacre son talent. En parallèle, il lance sa marque Criollo Chocolatier, qui fournit des établissements de renom tels que Walt Disney World ou encore les Rockefeller.
Son expertise lui vaut d’autres distinctions : en 2012, il est finaliste du prestigieux concours L’Art du Chocolatier Challenge à Chicago. Deux ans plus tard, en 2014, il figure parmi les Top 5 Meilleurs Chocolatiers des États-Unis, avant d’être consacré en 2016 comme l’un des Top 10 Best Chocolatiers in North America, regroupant les talents des États-Unis, du Canada et du Mexique.
Des racines assumées
Malgré ce parcours construit à l’étranger, Hichem Lahreche n’oublie pas ses origines. « Quand j’ai appris ma nomination à l’Académie culinaire de France, j’ai immédiatement pensé à mon Algérie, celle qui m’a donné mes valeurs et permis d’étudier gratuitement », confie-t-il avec émotion. Fier de ses racines, il rappelle que l’Algérie est aussi héritière d’une histoire millénaire : « Nous avons un héritage numide extraordinaire, qui fait partie de notre identité et mérite d’être transmis. »
L’Algérie et ses saveurs offrent, selon lui, « une palette de goûts incroyable ».
« La datte, la degla, est notre fierté, mais il serait triste de réduire notre terroir culinaire à un seul ingrédient. Ça fait cliché. Nous sommes le pays de la figue, du néflier, du raisin, du miel, de l’huile d’olive… Nous sommes à la fois africains et méditerranéens »
Le succès sans perdre pied
Loin de se limiter à un palmarès impressionnant, il se distingue par une philosophie exigeante : qualité des matières premières, discipline et formation continue. Pour lui, le succès commence par des bases solides :
« Ne cherchez pas à brûler les étapes. Apprenez les bases, maîtrisez-les, puis explorez. Voyagez si vous le pouvez, travaillez avec les meilleurs. Mais surtout, restez curieux et disciplinés : le talent seul ne suffit pas », conseille-t-il aux jeunes passionnés.
Aujourd’hui consultant pour des projets internationaux, notamment au Qatar, il garde en tête un rêve — ou plutôt un projet latent : investir en Algérie. Les défis sont nombreux : instabilité réglementaire, difficulté d’accès aux matières premières comme le beurre ou le chocolat. Pourtant, il demeure optimiste, convaincu que le pays possède un potentiel culinaire exceptionnel.
Une reconnaissance majeure
Quant à son intronisation à l’Académie culinaire de France, prévue pour février 2026, il en parle avec une humilité désarmante :
« Pour moi, ça reste un miracle… Je ne sais même pas si je le mérite, mais mes collègues et mes proches me disent que oui. »
Une étape majeure qui s’ajoute à son admission, dès 2025, comme membre de la délégation USA & Canada de cette institution. Un état d’esprit qui illustre la force tranquille d’un artisan devenu, par son travail et sa passion, l’un des ambassadeurs les plus inspirants de la gastronomie raffinée, au carrefour de deux nations qu’il porte dans son cœur : l’Algérie et les États-Unis.