Chanteuse, autrice et âme plurielle, Amina Cadelli, alias Flèche Love, poursuit sa quête de sens et de racines. Avant son concert prévu le 22 octobre à Istanbul, l’artiste helvético-algérienne revient sur un parcours où la musique devient langage de guérison, mémoire et transmission.
« Je dis souvent que c’est une archéologie de l’intime. On doit aller à la recherche des miettes de soi. » Flèche Love
Une aventure musicale et spirituelle
Flèche Love, c’est d’abord une aventure : celle d’une femme qui cherche à se reconnecter à son histoire, à son Algérie, à travers l’art.
« Je fais partie de nombreux enfants d’immigrés qui connaissent l’Algérie par les histoires, parfois par les traumas », confie-t-elle. Cette reconnexion, elle l’a trouvée dans le corps, la peau et la mémoire.
De ce lien charnel avec ses racines naît une musique indocile, hybride, où les sonorités algériennes se mêlent aux textures électroniques et aux réminiscences baroques. Chez elle, la spiritualité ne s’oppose pas à la modernité, elle la traverse.
La musique comme guérison
Dans “Guérison”, son précédent album, Amina explore cette alchimie du sensible : « Je voulais parler de la vulnérabilité, mais aussi de la force que demande la guérison. » Un propos qu’elle poursuit sur scène, dans des spectacles où la danse, la musique et la narration s’entrelacent pour raconter la renaissance.
Une musique sans frontières
À la croisée des identités, sa musique s’imprègne à la fois de la Suisse où elle a grandi et de l’Algérie de ses ancêtres. Un syncrétisme revendiqué : percussions chaouies, arrangements électroniques, influences baroques et chants inspirés par le raï.
« Le premier style qui m’a fait penser au punk, c’est le raï », dit-elle. Son titre “Oran” rend hommage à ces artistes exilés dont Cheikha Rimitti et rend hommage à la Palestine.
Entre neurosciences et spiritualité
Artiste aux multiples facettes, Flèche Love s’apprête aussi à publier un essai:
“une réflexion sur la guérison et la neuroplasticité du cerveau.”
« Je me suis intéressée au biomimétisme, à la neuropsychiatrie, mais aussi à l’histoire coloniale et à son impact sur notre psyché. »
Un projet à son image : transversal, poétique, habité. Plus qu’un manifeste, c’est une tentative de comprendre comment se répare la mémoire, personnelle et collective.
Recréer le lien, honorer les femmes
Au cœur de sa démarche : le matrimoine.
Amina Cadelli célèbre les femmes de sa lignée, souvent invisibilisées, en leur redonnant une place centrale dans son œuvre.
« Je les imagine comme des super-héroïnes. Ce sont des femmes qui ont eu des vies difficiles, mais que je veux montrer dans toute leur splendeur. »
Une tournée et un horizon
Sa tournée internationale se poursuit jusqu’en 2026, entre le Canada, la France et la Turquie.
Le 22 octobre, elle se produira à Istanbul, avant, espère-t-elle, de chanter enfin sur une scène algérienne.
Entre les tatouages de ses aïeules et les synthés de demain, Flèche Love invente un langage nouveau : celui d’une génération lucide et poétique. Une génération qui transforme l’exil en art, la douleur en énergie, et la mémoire en chant.