Ils ont chanté Ahmed Wahbi, revisité des classiques et rempli la salle chaque soir. Après cinq jours de compétition et de concerts, le Théâtre régional Abdelkader Alloula d’Oran a refermé samedi soir le rideau sur la 16e édition du Festival local de la musique et de la chanson oranaise, marquée par la fougue des jeunes interprètes et un public au rendez-vous. Sur scène comme dans les coulisses, ce répertoire populaire a trouvé de nouvelles voix pour porter son histoire.
Trois lauréats, une même passion
Au terme d’un concours aussi exigeant qu’émouvant, trois jeunes artistes ont été distingués pour leur interprétation de titres emblématiques d’Ahmed Wahbi, figure légendaire de la chanson oranaise. Le premier prix a été décerné à Mohamed Amer, originaire d’Oran, qui a ébloui le jury avec "Ahkem", une interprétation empreinte de maîtrise et de sensibilité.
La deuxième place est revenue à Anes Ghoumari de Nedroma (Tlemcen), pour son interprétation poignante de "Serej ya farès el maqam". Quant au troisième prix, il a été décroché par Samir Chikhi, représentant la wilaya d’Aïn Témouchent, grâce à sa prestation sincère de "Lemen nechki ya Rabbi".
Présidé par le musicien Abdellah Tamouh, le jury a évalué les participants sur des critères précis : qualité vocale, présence scénique, aisance musicale et fidélité au style oranais. "Ces jeunes artistes portent déjà en eux l’héritage de leurs aînés", a souligné le président du jury, saluant un niveau artistique "remarquable et porteur d’espoir".
Une édition ancrée dans la tradition, ouverte à la modernité
Dirigée par l’artiste Souad Bouali, la commissaire du festival, cette édition a su innover tout en respectant l’âme du genre oranais. « Nous avons souhaité donner une coloration contemporaine à cette édition, sans jamais trahir l’essence du patrimoine musical », a-t-elle expliqué, saluant au passage l’enthousiasme du public et la richesse des prestations offertes.
Parmi les moments forts, la quatrième soirée a offert une immersion dans les rythmes traditionnels avec la présence des meddahates, de la troupe Karkabou El Mahboub, mais aussi des chants bédouins et du style El Gasba nou El Gallal. Ce retour aux sources a permis de faire découvrir aux nouvelles générations un pan du patrimoine souvent cantonné aux cercles familiaux.

Des hommages, entre émotion et reconnaissance
La soirée de clôture a aussi été l’occasion de rendre hommage à des figures emblématiques de la scène oranaise. Le musicien Moulay Abdelnabi, fidèle compagnon de Blaoui El Houari et chef d’orchestre durant plus de trois décennies, a été honoré pour sa contribution à la préservation de la musique oranaise.
La coordination pour la citoyenneté durable, représentée par Mohamed Ghenoun, a remis la médaille du citoyen d’exception à Souad Bouali et à Abdellah Tamouh, saluant leur engagement au service de la culture.
Une scène partagée, un avenir assuré
Le festival a également été marqué par des prestations remarquées d’artistes de renom : Mahboub El Wahrani, Reffas Omar, Chikhi Romaïssa, Houari Si Ali, Wahiba Djaalab, et Khadidja Felouah ont enflammé la scène, souvent en rendant hommage à des voix disparues comme Sabah Essaghira ou Samia Benabi.
L’implication de l’Orchestre de l’Institut régional de formation musicale (IRFM), dirigé par le maestro Khalil Baba Ahmed, a apporté une touche d’élégance et de modernité aux arrangements musicaux, renforçant le lien entre héritage et renouveau.
Un festival plus vivant que jamais
En accueillant 16 chanteurs et en mettant en lumière 8 jeunes candidats dans la compétition principale, le festival a confirmé sa vocation de tremplin pour les talents émergents. Entre nostalgie, innovation et ferveur populaire, cette 16e édition laisse entrevoir un avenir prometteur pour la chanson oranaise.
Oran, toujours au cœur des mots et des mélodies, demeure plus que jamais le berceau d’un art vivant, vibrant, porté par une jeunesse qui ne demande qu’à le faire rayonner.