Une vague d’émotions saisit les spectateurs dès les premières minutes d’El Zaymour, bouleversante pièce présentée au théâtre du Lavoir Moderne, dans le 18e arrondissement de Paris. Portée par une mise en scène intense et un jeu d’acteurs poignant, la représentation a profondément touché le public captivé du début à la fin.
Signée et mise en scène par Jamila Bensaci, la pièce raconte le retour d’Amel, romancière reconnue, auprès de son père en fin de vie, atteint de la maladie d’Alzheimer. Une situation douloureusement familière pour bon nombre de familles maghrébines exilées, ou les attentes familiales pèsent lourdement sur les épaules des enfants, en particulier des filles.
La dramaturge à travers ce récit, parle aussi de la fille qui brise les codes de la (maghrébine modèle), celle qui reste au foyer à prendre soin des siens, parfois au détriment de ses propres aspirations. Amel a choisi de partir, de suivre ses rêves, de s’émanciper et de vivre sa liberté. Ce choix qui peut être source d’incompréhension et de culpabilité a profondément résonné dans la pièce.
Le père, désormais diminué, devient le centre d’un conflit entre Amel et son frère cadet, Nadir. Ce dernier suit à la lettre les consignes médicales imposées par Sophia, l’infirmière à domicile. Amel, elle, préfère une approche plus affective et intuitive. Son seul objectif : apaiser les derniers jours de son père, quitte à s’éloigner du protocole.
La mémoire du père qui s’efface ravive les non-dits et fait remonter à la surface les blessures anciennes. La maladie agit ici comme un révélateur : elle met à nu les émotions enfouies, les rancunes, mais aussi l’amour fragile qui unit cette fratrie. El Zaymour n’est pas seulement une pièce sur l’Alzheimer. C’est une œuvre sur la transmission, le devoir filial, le pardon et l’oubli.

Des rôles incarnés avec Vérité
Pour Dzdia, Jamila Bensaci qui incarne le rôle d’Amel, une romancière célèbre, confie ce qui la touche le plus dans ce personnage :
« C’est un personnage de transfuge. Je trouvais intéressant d’incarner la femme maghrébine, d’autant plus qu’elle est romancière, et que je suis écrivaine dans la vraie vie. Dans cette histoire elle ne porte pas le rôle de la femme maghrébine qui supporte les parents, Amel part et donc il y a une forme de fuite, mais aussi une forme de courage de partir pour réaliser ses rêves.»
Jamila Bensaci partage le rôle principal avec Mouss Zouheyri qui incarne le père malade, qui puise lui aussi dans son vécu :
« Ma pauvre maman était atteinte d’Alzheimer. J’avais beaucoup d’inspiration pour incarner ce personnage. »
Un vécu qui se ressent dans le jeu de ce talentueux comédien.
Une œuvre nécessaire
Jouée du 21 au 25 mai 2025 au Lavoir Moderne à Paris. El Zaymour est une pièce qui aborde les tensions familiales et traite de sujets intimes et universels en montrant comment la mémoire et les relations se détériorent ou se reconstruisent face à l’épreuve.