Entre exorcisme, croyances populaires et réalité sociale, le cinéaste algérien Yanis Koussim s’empare d’un sujet aussi tabou que familier pour livrer un long-métrage audacieux, nourri par l’imaginaire collectif. Un projet qui pourrait bien marquer un tournant dans le cinéma de genre en Algérie Entre exorcisme, croyances populaires et réalité sociale, le cinéaste algérien Yanis Koussim s’empare d’un sujet aussi tabou que familier pour livrer un long-métrage audacieux, nourri par l’imaginaire collectif. Un projet qui pourrait bien marquer un tournant dans le cinéma de genre en Algérie.
C’est en marge de l’avant-première du court métrage de DJ Snake, qui s’est tenue récemment dans la prestigieuse salle du Grand Rex, que le réalisateur a partagé une annonce captivante : il est actuellement en phase de finalisation de son prochain long métrage intitulé Roqya, un film d’horreur aux résonances mystiques et contemporaines.
Koussim, figure reconnue du cinéma algérien d’auteur, change de registre et s’aventure dans le genre du fantastique et de l’épouvante. Le titre Roqya, qui fait référence au rituel spirituel musulman d’exorcisme, donne le ton : le film abordera les frontières floues entre foi, folie, possession et réalité sociale.
Le casting réunit Ali Namous, Hana Mansour, Krimo Derradji et Mostapha Djadjam, dans un récit qui s’annonce aussi intense psychologiquement que visuellement dérangeant. Le réalisateur a précisé que le long-métrage sera prêt dès cet été. “ La sortie du film dépendra des sélections en festivals,.“ a-t-il précisé à Dzdia..Le film traite de la peur dans ce qu’elle a de plus intime et culturel. Avec le thème de la Roqya, Koussim semble prêt à repousser les limites du cinéma algérien, en mêlant le genre horrifique à des thématiques sociales profondes.
Dans la société algérienne, la sorcellerie (ou sihr) et la Roqya occupent une place paradoxale : à la fois taboues et omniprésentes dans l’imaginaire collectif. Bien que souvent marginalisées dans le discours officiel, ces pratiques restent profondément ancrées dans les mentalités, traversant toutes les classes sociales. De nombreuses familles ont recours à des raqis (praticiens de la roqya) pour soigner des troubles inexpliqués, attribués à des possessions, des malédictions ou des jalousies. Ce rapport complexe entre modernité, religion, tradition et peur irrationnelle est au cœur du film de Koussim, qui explore cette tension entre croyance populaire et réalité psychologique.
Yanis Koussim s’est imposé sur la scène internationale grâce à ses courts-métrages Khti et Khouya, sélectionnés et primés dans de nombreux festivals de premier plan tels que Clermont-Ferrand, Locarno, Abu Dhabi, Amiens, Carthage ou encore le FESPACO. En 2012, il fait partie des quatre réalisateurs du web-documentaire expérimental Un été à Alger, présenté en avant-première au Palais de Tokyo. Avec Alger by night, son premier long-métrage, il poursuit son exploration du réel et de l’intime, sélectionné en compétition officielle au Festival International du Film de Rotterdam.