Plus de 3 ans de collaboration, “des titres à n’en plus compter” et une rencontre aux origines loufoques… DJ KIM - Cheb Sidou Japonais est le duo qui ne cesse de monter sur la scène raï. Dzdia est allé à la rencontre du DJ-producteur, figure emblématique de la radio Beur FM et pionnier du style Raï N’B, pour évoquer leur complicité et leur dernier titre aux rythmiques des plus festives, Chafouha Cheba, sorti mi-juillet.
DJ Kim, merci de nous accueillir dans les studios de Beur FM. Vous êtes DJ-producteur, animateur radio mais aussi dénicheur de talents… Vous avez notamment révélé à un plus large public la voix du jeune chanteur Cheb Sidou Japonais avec qui vous collaborez actuellement. Comment s'est faite cette connexion ?
Est-ce que vous voulez rire ? Ce que je vais raconter est assez bizarre… On est en octobre 2019, un jour où je suis très énervé contre Eric Zemmour qui, comme d’habitude, s’attaque aux DZ. Je fais donc une vidéo réponse dans ces mêmes studios où l’on se trouve. Je tacle à mort Eric Zemmour et je diffuse le tout sur les réseaux sociaux. La vidéo fait le buzz ! Et dans cette vidéo, en fond sonore, on entend une musique de Sidou Japonais. Alors quand il tombe sur l’extrait, il est sous le choc. Je ne le connaissais même pas à l’époque et on a directement matché.
Petit message à Eric (Zemmour) : c’est grâce à toi que j’ai rencontré Sidou Japonais ! Et au passage, on ne renie jamais ses origines Eric…
il m'envoie un beau message de remerciement et on est devenus amis. Depuis, on ne s’est jamais arrêté de travailler. Ça fait bientôt 3 ans et je ne compte même plus les titres qu’on a ensemble.
Votre dernier morceau en date est sorti mi-juillet : Chafouha Cheba. C’est un éloge pour la femme, mais plus que ça c’est un vrai morceau d’été, pour les vacances, au carrefour de plusieurs styles…
Chafouha Cheba c’est une histoire de love oui, avec un esprit festif. C’est un mélange de raï et de reggaeton, un titre d’été. Ça permet d’ouvrir les horizons, d’exporter la musique raï. Des fans de rythmiques latines peuvent aussi s’intéresser à la musique algérienne de cette manière. Finalement, on est dans le sillage des anciens - Khaled, Cheb Mami, Cheb Hasni, Rachid Taha, Zahouania et tant d’autres - qui étaient dans cette démarche d’exporter notre répertoire à l’étranger.
Vous êtes d’abord connu pour être un pionnier du style Raï N’B, ce mélange des genres qui a d’ailleurs fait prendre au raï une autre dimension en touchant au-delà du public algérien. C’est aussi un terrain sur lequel vous souhaitez emmener Sidou Japonais ?
D’abord, oui, j’ai été l’un des précurseurs dans ce registre raï-RnB. Il m’appartient donc un peu en quelque sorte. j’ai eu le plaisir de produire des sons comme Rachid System, de Rim’K en feat avec Zahouania en 2004. J’ai aussi produit, en 1998, Reggae Raï, un gros hit avec Cheb Tarik en feat avec CC Raider. Sans oublier l’album-compilation Opération Raï, en 2002, vendu à 145 000 exemplaires uniquement en CD.
L’album Opération Raï m’a permis de devenir le premier DJ algérien de l’histoire à obtenir un disque d’or.
Et je le dis, en 2025, cette fusion rap-raï on va la faire prospérer et on va essayer de mettre Sidou Japonais sur le sillon ! Je veux l'emmener sur d’autres terrains, entre des titres pur raï et des collaborations avec ce style raï-RnB fusion… D’ailleurs, de prochaines collaborations avec des artistes français sont à venir. Je n’en dis pas plus.
Le grand public connaît davantage votre pâte musicale que celle du jeune Sidou Japonais. Comment le présenteriez-vous à ceux qui ne le connaissent pas encore ?
Cheb Sidou Japonais est un artiste, originaire de Mostaganem, qui maîtrise la musique en tant que science puisqu’il a étudié la musique classique arabo-andalouse avant de se lancer dans le raï. Mais c’est aussi et d’abord une voix. Une vraie voix.
C’est un vrai mélomane qui a construit sa carrière dans sa chambre en faisant de simples lives chantés, à la demande, sur les réseaux sociaux. C’est comme ça qu’il a cartonné.
Depuis, on collabore ensemble, il enchaîne aussi les scènes de son côté. De plus en plus d’artistes le découvrent. Petite annonce exclusive d’ailleurs, Imen Cherif, diva de la chanson tunisienne, va prochainement l’inviter pour une collaboration par exemple. Zahouania travaille également avec lui…
En parlant de Zahouania, on retrouve une certaine connexion entre son univers et celui de Sidou Japonais, on est sur des influences communes…
C’est le style medahat ! Le même registre musical que chante Zahouania. Le medahat c’est vraiment le style de Sidou Japonais, c’est assez différent du raï classique, c’est un style particulier. On y chante notamment les fléaux sociaux accompagnés, à l’origine, d’une simple tbila, une percussion. Sauf que Sidou Japonais, en jeune chanteur qu’il est, a réussi à moderniser ce medahat, il lui a apporté une fraîcheur.
Pour finir, à quoi doit-on s’attendre dans les prochaines semaines au niveau des sorties ?
Il va donc y avoir plein de sons avec Sidou japonais. On en a un 100% medahat, une folie. Les filles, là je ne vous dis pas, ça va chtah de chez chtah, il est super chaud le morceau ! Cinq, six autres morceaux sont déjà enregistrés, certains sont un peu plus posés en mode raï. A titre personnel, j’ai des collaborations avec Cheb Khalass qui arrivent, on en a balancé un d’ailleurs en feat avec Marwa Loud et Mister You, A l’ancienne. C’est moi qui ait fait le refrain, aussi bien le texte que la mélodie, avec Khalass. Et puis j’ai de gros morceaux deep house, chaâbi, raï-RnB… Mais aussi un 100% alaoui façon un peu électro. Pour ce morceau, j’avais envie de montrer autre chose que ce que je fais d’habitude et je vous le dis : Wallah il est dangereux ce morceau !
Merci DJ Kim !
Merci à vous et j’en profite pour passer un petit message. C’est l’été, mesdames et messieurs, je sais que vous êtes en vacances, sur les plages, en Algérie ou ailleurs dans le monde, que vous écoutez Chafouha Cheba alors n’hésitez à m’envoyer des snap en mode bronzage, sur Tiktok ou Instagram, vous me taguez. Nous on bosse mais on pense à vous ! (Rire)