Sorti en 2024, Alger, 196 Mètres » (titre original en arabe : 196 متر) marque les débuts prometteurs de Chakib Taleb-Bendiab dans le long-métrage. Ce film policier qui vient de remporter à Paris le premier prix dans la catégorie cinéma aux Smala AwarDZ, et le grand prix du Rhode Island International Film Festival 2024, est à la fois une enquête haletante et un portrait saisissant d’une ville post-décennie noire, tiraillée entre chaos et renouveau.

Rencontré à la soirée des Smala AwarDZ, à peine rentré de Montréal, Chakib Taleb-Bendiab le réalisateur, scénariste et compositeur de la musique du film « Alger » nous a livré ses impressions :
Votre film vient de rencontrer un grand succès à Montréal. Racontez-nous.
C’était une expérience incroyable. Montréal a une forte communauté algérienne, très cinéphile et surtout très solidaire. Dès la sortie du film, il y a eu un véritable engouement. On a ressenti une unité, une communion autour du cinéma. C’était émouvant et puissant.
Êtes-vous surpris par un tel succès ?
Oui, le film a terminé numéro un du box-office ce week-end-là. On a même dépassé un blockbuster américain, pourtant doté de plusieurs millions de dollars. Et pourtant, notre film est 100 % algérien, tourné à Alger, avec des moyens très modestes. C’est une fierté immense.
Quel rôle la communauté algérienne a-t-elle joué dans ce succès ?
Elle a tout changé. Ce que j’ai vu à Montréal, c’est une communauté plus petite qu’en France, mais très soudée. Et quand une diaspora se serre les coudes, elle devient incroyablement puissante. Je pense qu’on ne réalise pas encore à quel point, ensemble, on peut faire bouger les lignes. La solidarité, c’est une vraie force.
Le film est d’abord sorti en Algérie ?
Oui, en exclusivité. Il est resté à l’affiche plus de 18 semaines, ce qui est presque un record. On voulait qu’il commence chez nous, qu’il prenne racine en Algérie, car il parle de notre réalité, de nos histoires. C’est un film algérien fait pour aller loin, mais qui assume pleinement son identité.
Une sortie en France est-elle prévue ?
On l’espère. Ce n’est pas encore confirmé, mais on travaille dessus. En attendant, le film a déjà été sélectionné dans de nombreux festivals. Il tourne, il voyage, il raconte l’Algérie autrement.
Vous parlez souvent de soft power. Pourquoi est-ce si important selon vous ?
Parce que c’est à travers la culture qu’on peut transformer l’image de l’Algérie. Nos films, nos artistes, notre art : ce sont nos meilleures armes pour casser les clichés. C’est par là que commence le changement. Et ce qu’on fait aujourd’hui va inspirer toute une génération. Et pour terminer, être nominé par l’Algérie aux prochains Oscar est une fierté supplémentaire pour un cinéaste que d’être sélectionné par son pays dans cette prestigieuse compétition.
Résumé du film
L’histoire s’ouvre sur l’enlèvement de Manel, une jeune fille, dans un quartier populaire de la capitale. Rapidement, l’enquête est confiée à l’inspecteur Sami (interprété par Nabil Asli), épaulé par la psychiatre Dounia (Meriem Medjkane). Ensemble, ils s’immergent dans les zones d’ombre du passé algérien pour tenter de résoudre cette affaire, qui révélera d’autres disparitions inquiétantes.
Le film, tourné à Alger en juin 2022, met en lumière les traumatismes collectifs et personnels encore vivaces dans la société algérienne. Il traite frontalement du phénomène du kidnapping, à travers une narration tendue et psychologiquement dense.